"SAINT-SAUVEUR
est un édifice gothique imposant par ses vastes
proportions, son architecture, les monuments et les
tableaux qu'il renferme et les souvenirs qu'il rappelle.
Dans les premiers siècles du christianisme, une
petite chapelle fut bâtie là où
existe aujourd'hui la métropole et fut dédiée
au Sauveur des hommes.Détruite
par les Sarrasins dans l'une de leurs irruptions en
Provence au VIIIe ou au IXe siècle, elle fut
rebâtie en 1080, lorsque l'archevêque Rostang
de Foz et Benoît, prévôt du chapitre,
faisant un appel à la piété des
habitants, recueillirent d'eux des sommes suffisantes
pour la construction d'une nouvelle église à
laquelle la sainte chapelle fut réunie. C'est
ce qui forme aujourd'hui la nef de droite, dite de Corpus
Domini.
Environ vingt ans après, le prévôt
Benoît et six chanoines de Notre-Dame-de-la-Seds
vinrent habiter les nouvelles bâtisses, pour desservir
cette église qui fut consacrée, en 1110,
par l'archevêque Pierre III. La grande nef fut
commencée en 1285, sous le règne de Charles
II d'Anjou, dit le boiteux, roi de Naples et comte de
Provence, Rostang de Noves étant alors archevêque,
et elle ne fut terminée, en l'état actuel,
que vers le milieu du XVe siècle sous le roi
René et l'archevêque Olivier de Pennart.
Le clocher, dont les fondements furent jetés
en 1323, sous Cabrières de Concos, fut continué,
après une longue interruption, en 1411, sous
Thomas de Puppio
et orné de belles cloches en 1430, par Aymon
Nicolaï.
Olivier
de Pennart ayant terminé la construction de la
grande nef, fit commencer, vers 1475, celle du portail
où les magnifiques portes qu'on y voit encore
furent placées en 1504.
Enfin
le baptistère, entouré de belles colonnes
antiques qui avaient appartenu à un temple d'Apollon,
fut élevé en 1579, par les soins et aux
frais du chanoine Jean de Leone, fils et frère
de deux conseillers au parlement.[...]
Le
cloître de Saint-Sauveur, qui date du XIe siècle,
est remarquable par ses jolies colonnes si déliées
et les chapiteaux bizarres qui les couronnent. Moins
beau sans doute que celui de Saint Trophime d'Arles,
il mérite cependant d'être visité
par les voyageurs".
Roux-Alphéran
Les Rues d'Aix, 1846
|