"Les
vantaux des portes, en bois rougeâtre, recouverts
de volets de protection, forment une oeuvre demeurée
intacte et d'une remarquable richesse. On y voit, au
milieu d'une belle décoration à la fois
gothique et Renaissance, les prophètes Isaïe,
Jérémie, Ezéchiel et David, "vêtus
à la Judaïque", et les douze Sibylles,
chacun surmonté d'un dais en grande saillie.
Chaque
vantail est encadré et coupé dans sa largeur
par des guirlandes de fleurs et de fruits délicieusement
fouillées. La Renaissance se manifeste, non seulement
par les guirlandes, mais aussi par l'attitude des personnages,
le drapé des costumes. Les Prophètes et
les Sibylles sont déjà des contemporains
de Louis XII.
Ces
portes "en coeur de noyer bien sec" furent
commandées le 15 octobre 1505, aux frères
Raymond et Jean Bolhit, ouvriers sur bois, pour le pris
de 4.000 florins, quatre salmées de blé
et douze millerolles de vin. Les frères Bolhit
s'adjoignirent Jean Guiramand, de Toulon, qualifier
fustier ou ouvrier qui travaille le bois. c'est
lui qui exécuta, en deux ans, la sculpture des
deux vantaux, dont les dimensions sont de 4,70 mètres
sur 2. Ce travail fixa Guiramand à Aix. Il s'installa
rue Judaïque.
Par
le moyen de "prix faits" on peut connaître
l'histoire de ces travaux, qui nous enchantent et que
l'on pourrait croire sortis de l'atelier d'un ciseleur
de grande classe. Et l'on est surpris de constater qu'ils
ont été exécutés par de
modestes ouvriers. Mais ceux-ci avaient tout naturellement
le sens de l'art, tandis qu'aujourd'hui tant de gens
se qualifiant d'artistes, n'ont même pas l'éducation
artistique de nos anciens artisans".
André
Bouyala D'Arnaud
Evocation
du Vieil Aix-en-Provence
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