Un
artiste est une sentinelle, un clerc inflexible
qui montre la voie, imperturbable. Sourd aux vaines
querelles du monde, l’artiste crée.
Indifférentes au temps, ses œuvres
visent l’éternité. Etranger
dans son propre pays, l’artiste côtoie
l’universel.
Mais
qu’il est dur de larguer les amarres, de
rompre tous ces liens qui vous emprisonnent en
un lieu, une époque, une histoire.
Créer
est une damnation ; le vrai créateur souffre.
En créant, l’individu se dépasse,
transcende son animalité ; il n’est
plus bête, il n’est pas encore Dieu
: il est Homme. L’Homme ? Un animal artiste…
C’est
l’histoire de cette damnation quotidienne
qu’évoque avec génie le film
de Im Kwom-taek, Ivre de femmes et de peinture.
Un homme touché par le génie du
dessin et de la peinture, qui cherche sa voie
propre, sa singularité d’artiste.
Un homme faible, écrasé par la rigueur
de son propre génie, qui tombe dans l’animalité
pour oublier ses défaillances de créateur
: boire, fuir, aimer les femmes…
Ce
film est un remarquable essai sur l’Art
: l’Art se limite-t-il à une simple
technique ? Ne doit-il pas la dépasser
pour atteindre la Création d’une
œuvre singulière ? Pour prétendre
au titre d’artiste, le héros du film,
dessinateur de génie, ne doit plus se contenter
de copier avec talent les œuvres des autres
maîtres, il ne doit pas non plus simplement
assembler les découvertes artistiques de
ses devanciers : il doit créer une oeuvre
singulière, adopter un style personnel…
L’artiste doit vivre ses œuvres ; chaque
création est arrachée à son
être dans la douleur. C’est en cela
que l’artiste se transcende et abandonne
sa vaine carcasse animale : il défie le
temps et l’espace, il survit à travers
ses œuvres.
Synopsis
Au XIXe siècle, "Ohwon" Jang
Seung-Up est un artiste peintre coréen
connu, non seulement pour son art qu'il maîtrise
à la perfection mais également pour
son mode de vie libertin, son excentricité
et son amour immodéré de l'alcool.
Né en 1843, il disparut en 1897.
Site officiel http://www.chihwaseon.com/
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